« Comment le tabac est-il devenu une drogue ? Quel est le mode d'action de la nicotine ? Quelles sont les limites du modèle de dépendance tabagique reposant uniquement sur la nicotine ? Comment l'addiction se met-elle en place ? Quelle est la législation en vigueur pour lutter contre le tabagisme ?
Avec Jean-Pol Tassin Neurobiologiste, directeur de recherche émérite à l'Inserm et professeur au Collège de France, spécialiste de l'addiction et du sevrage, et avec Anne-Laurence Le Faou Présidente de la société francophone de tabacologie, responsable de la consultation de tabacologie de l'hôpital européen Georges Pompidou. »
Avec près de 32 % de la population qui se dit fumeuse occasionnelle, et 25,5 % fumeuse quotidienne. Avec un paquet à plus de 10 euros, des photos de tumeur en gros plan, la généralisation de la vapote. Que peut-on faire de plus pour réduire le nombre de fumeurs, et qu’est-ce que cette plante fait à notre cerveau pour qu’il soit si difficile de s’en séparer ?
Infographie : France Culture
Qu’est-ce que la nicotine ?
La nicotine appartient à la famille des nicotinoïdes et est obtenue à partir de plants de tabac. Sa plus grande utilisation se retrouve dans les produits dérivés du tabac (cigarette, tabac à mâcher, à priser, etc.). C’est sous la forme cigarette que le tabac est le plus consommé.
La combustion de la feuille de tabac crée de nouveaux composants (monoxyde de carbone, goudrons...) nocifs pour la santé et permet à la nicotine d’atteindre les récepteurs cérébraux en quelques secondes grâce à la densité de la vascularisation pulmonaire.
Le tabac est addictif et ce qui fait la force de l’addiction, c’est la rapidité d’action sur les récepteurs. L’addiction au tabac fonctionne sur un système commun aux addictions, basé sur la sécrétion cérébrale de dopamine, neurotransmetteur dit “de la récompense”. D’autres substances inhalées dans la fumée renforcent encore ce système.
Infographie : France Culture
L’addiction à la nicotine est responsable d’envies irrépressibles poussant à la consommation de tabac afin d’apaiser les humeurs indésirables et les symptômes physiques dus à l’abstinence.
En effet, les effets de la nicotine sur l’humeur sont subtils, complexes et forts. Pour certains, la substance agit sur la concentration, les aide à se détendre et accroît le sentiment de plaisir et de vivacité d’esprit ainsi le fumeur apprend alors à compter sur sa consommation de tabac pour lui procurer des sensations de bien-être.
Infographie : France Culture
En outre, il acquiert des signaux conditionnés, ou « déclencheurs », qui le poussent à fumer. Par exemple, certaines personnes fument toujours après un repas, en accomplissant certaines tâches, ou encore, lorsqu’elles se sentent déprimées ou anxieuses. Ces déclencheurs donnent lieu à des comportements ou à des habitudes difficiles à changer.
Lorsqu’une personne commence à fumer, surtout lorsqu’elle est jeune, le risque qu’elle développe une dépendance au tabac est très élevé.
Les jeunes sont très fortement ciblés par le marketing du tabac, ce qui est très impactant pour leur santé et d’autant plus à leurs âges. Avant 20 ans, le cerveau n'est pas encore complètement formé. Il est plus malléable, plus facilement modifiable (il sera ainsi qualifié de “plastique”) Plus on commence à fumer tôt, plus on devient dépendant rapidement. En Irlande, en moyenne, les jeunes fument leur première cigarette à 13 ou 14 ans.
Pour l'écouter, rendez-vous sur :
🎬 Pour aller plus loin : 👇🏻
Comments