top of page

LA PLACE DE LA VAPE ET DE LA NICOTINE DANS L’ARRÊT DU TABAC : ÉTAT DES CONNAISSANCES | E-ADD 2025

  • coreadd
  • il y a 5 jours
  • 4 min de lecture


À l’occasion du 9e e-congrès E-ADD 2025, le Dr Marion Adler a présenté une synthèse actualisée sur l’usage de la vape et des traitements nicotiniques dans le sevrage tabagique. Voici les principaux points à retenir pour la pratique clinique.




LA VAPE : QUE SAIT-ON AUJOURD’HUI ?

 

  • Une toxicité relative mais bien inférieure à celle du tabac

La dangerosité du tabac réside essentiellement dans la combustion, notamment en raison de la production de monoxyde de carbone (CO). La vape ne contient pas de tabac et n’induit pas de combustion. À ce jour, aucune toxicité majeure n’est ressortie dans les études disponibles, bien que celles-ci soient réalisées principalement sur d’anciens fumeurs, ce qui constitue un biais. Des études sur des personnes n’ayant jamais fumé seraient nécessaires pour une évaluation plus précise.

 

« Fumer, c’est prendre l’autoroute en sens inverse ; vapoter, c’est prendre l’autoroute dans le bon sens mais à 150 km/h au lieu de 130. » Pr Bertrand Dautzenberg

 

La vape n’est donc pas exempte de risques, mais ceux-ci sont sans commune mesure avec ceux liés au tabac fumé.

 

  • Efficacité de la vape dans le sevrage tabagique

Selon la revue Cochrane de janvier 2024 (1), la vape contenant de la nicotine est environ 60 % plus efficace que les substituts nicotiniques (TNS) classiques. Toutefois, les comparateurs sont souvent sous-utilisés : les traitements actuels sont encore fréquemment prescrits uniquement sous forme de patchs, sans formes orales.


Conseil pratique :Toujours associer patchs et formes orales, et veiller à ne pas sous-doser.

 

  • Accompagner l’arrêt de la vape

Lorsqu’un patient souhaite arrêter la vape, il est essentiel de ne pas diminuer trop rapidement le dosage en nicotine. Il est recommandé de réduire d’abord la fréquence d’utilisation, en travaillant notamment sur le geste.

 

  • Rôle des arômes dans les e-liquides

Une étude stéphanoise récente n’a pas mis en évidence de toxicité significative liée aux arômes. Ces derniers jouent un rôle central dans l’acceptabilité de la vape et le plaisir d’arrêt. À noter : les gommes nicotiniques aromatisées aux fruits présentent une meilleure observance que les versions neutres.


LA NICOTINE EST UNE ALLIÉE

 

  • Adapter les dosages à chaque patient

La nicotine, souvent sous-dosée dans les pratiques, n’est pas toxique en soi. Il ne faut pas hésiter à augmenter les doses si nécessaire, et à adapter le traitement en fonction du profil du patient. L’association de plusieurs patchs est tout à fait envisageable.

 

  • Dépendance à la nicotine : changer de regard

Il est crucial de rassurer les patients sur la dépendance à la nicotine. Mieux vaut utiliser des gommes nicotiniques à long terme que de reprendre le tabac. L’objectif peut être, dans un second temps, d’arrêter la nicotine, mais ce n’est pas une priorité si cela compromet le sevrage tabagique.

 

LES AUTRES OPTIONS THÉRAPEUTIQUES

 

  • Varénicline : vers un retour en France ?

La varénicline, retirée du marché en 2021 en raison d’impuretés, est de nouveau disponible aux États-Unis et au Royaume-Uni. En France, certains laboratoires ont reformulé le médicament et ont déposé des demandes de commercialisation.

 

  • Cytisine : une molécule prometteuse ?

La cytisine, déjà utilisée en Espagne, montre des résultats encourageants. Aucune date de commercialisation en France n’est annoncée à ce jour.

 

NICOTINE ET GROSSESSE

 

Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas la nicotine qui est toxique, mais le monoxyde de carbone issu de la combustion. La nicotine peut être prescrite chez la femme enceinte et permet d’arrêter le tabac confortablement et efficacement.


Points d’alerte :

  • Certains professionnels de santé (notamment en gynécologie) continuent de déconseiller la vape pendant la grossesse, quitte à reprendre la cigarette. Il faut privilégier la vape plutôt qu’un retour au tabac.

  • Le pictogramme « femme enceinte » présent sur les substituts nicotiniques est une obligation légale, au même titre que pour d’autres médicaments indispensables durant la grossesse. Il est essentiel d’en expliquer la signification aux patientes pour éviter toute confusion.

 


CHEZ LES JEUNES


  • Vape : pas une porte d’entrée vers le tabagisme

Les données disponibles (2) montrent que, malgré une augmentation de l’usage de la vape chez les jeunes, le tabagisme continue de diminuer. L’intérêt des jeunes pour la vape pourrait donc participer à la réduction du tabac.


  • Cannabis : un double enjeu

Les jeunes sont souvent dépendants à la fois au cannabis et à la nicotine, car les joints sont majoritairement consommés avec du tabac. Pour les aider à arrêter, il faut associer des Traitements Nicotinique de Substitution (TNS) à des dosages adaptés et sur une durée suffisante. Attention : ces traitements ne règlent pas les troubles du sommeil liés au sevrage, qu’il faut gérer séparément (ex. hydroxyzine).

 


CONCLUSION


Le traitement doit s’adapter au patient, et non l’inverse. Pour réussir un sevrage, il est essentiel de s’ajuster à ses préférences et à son mode de vie. L’objectif reste de proposer une prise en charge personnalisée, efficace et confortable.

 

Sources :



Article rédigé par André NGUYEN
Article rédigé par André NGUYEN

コメント


bottom of page