La méthode Delphi a été conçue par une organisation de recherche militaire américaine afin d'atteindre un consensus sur des questions complexes, souvent incertaines, en impliquant un groupe d’experts dans un processus de consultation anonyme et itératif. Aujourd'hui, la méthode Delphi est fréquemment utilisée en santé publique et en médecine pour l’élaboration de recommandations. Elle aide à la prise de décisions sur des sujets faisant débat et nécessitant des réponses consensuelles à apporter aux professionnels de santé et aux patients(1)(2).
La méthode Delphi est une méthode visant à organiser la consultation d’experts sur un sujet précis afin de mettre en évidence des convergences d’avis. En soumettant ces experts à des vagues successives de questionnements, cette méthode aide à lever les incertitudes rencontrées en aboutissant à un consensus d’expert. Durant chaque tour de consultation, les participants sont invités à exprimer leur degré d’accord avec plusieurs propositions et à en formuler de nouvelles qui seront soumises à l’avis de tous lors du tour suivant.
Construction du questionnaire et définition préalable du consensus
L’équipe de recherche construit le premier questionnaire à partir des points de divergences identifiés et le teste au préalable auprès d’un nombre restreint de personnes.
Il est important de définir en amont de l’étude la définition du consensus qui peut être variable en fonction des équipes de recherche. Une revue systématique de la littérature anglophone sur le sujet relevait toutefois que la définition la plus courante du consensus (25 études sur 98) reposait sur un taux d’accord de 75 % entre experts(3).
Choix des experts
Les experts sont les personnes qui seront consultées durant le processus Delphi. Le choix de ces experts doit essentiellement tenir compte de leur connaissance du problème visé ainsi que de leur indépendance. Le nombre d’experts n’est pas figé, il importe cependant de veiller à la représentativité et à la légitimité du groupe d’expert.
Il est souhaitable que les experts interrogés aient des profils (professions, formations, etc.) et des expériences variées (soins premiers, soins spécialisés, etc.) afin d’apporter plus de richesse aux réponses. En outre, l’engagement des participants à terminer le processus de Delphi est souvent lié à leur intérêt.
Tours de questionnaires
Les questionnaires sont envoyés individuellement aux experts et non pas administrés en groupe afin d’éviter les phénomènes d’influence liés au groupe. La méthode Delphi classique, telle que décrite dans la littérature, prévoit quatre tours de questionnaires. Toutefois, ce nombre doit être adapté aux contraintes matérielles et humaines. Des études à deux tours sont parfois utilisées comme lors du Consensus international d'experts sur les systèmes électroniques d'administration de nicotine et les produits à base de tabac chauffé.
Les propositions qui ont fait consensus sont conservées et supprimées du questionnaire du tour suivant. Un deuxième questionnaire est alors élaboré, et il comprend : les items ne faisant pas consensus parmi les experts au premier tour et les nouvelles propositions élaborées à partir des commentaires recueillis lors du précédent tour.
La méthode permet de générer des consensus raisonnés qui pourront servir à légitimer certaines pratiques. Elle permet ainsi d’obtenir un avis final, unique et convergent. Mais attention, consensus ne signifie pas unanimité.
Bibliographie
Élisabeth Lyonnais, À la recherche d’un consensus professionnel, la méthode Delphi, 2021.
ORSAS Lorraine, Méthode DELPHI, dossier documentaire, 2009.
HAS, Élaboration de recommandations de bonne pratique, méthode “recommandations par consensus formalisé”, 2010
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