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QU’EST-CE QUE LE TRAMADOL, OPIOIDE ANTALGIQUE LE PLUS PRESCRIT EN FRANCE ?

Tramadol
TRAMADOL

 

La douleur : une définition


La douleur est définie par l’International Association for the Study of Pain (IASP) à la suite d’une récente révision (2020) comme par une « expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à, ou ressemblant à celle associée à, une lésion tissulaire réelle ou potentielle » (1). Il s’agit d’une expérience personnelle qui est influencée à des degrés divers par des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux, pouvant être difficile à quantifier et à qualifier.


Il existe 2 grands types de douleurs (2) :


  1. les douleurs aiguës, en réaction à un stimulus mécanique, chimique ou thermique, constituent une alarme pour l’organisme, et doivent être traitées efficacement et rapidement afin de prévenir notamment l’évolution vers une chronicité ;

  2. les douleurs chroniques considérées comme telles « dès lors qu’elles sont persistantes ou récurrentes au-delà de ce qui est habituel pour leur cause initiale présumée (le plus souvent au-delà de 3 mois) qu’elles répondent mal au traitement et qu’elles induisent une détérioration significative et progressive des capacités fonctionnelles et relationnelles ». La douleur perd alors son rôle de signal d’alarme et devient une maladie. Il s’agit des douleurs inflammatoires, neuropathiques, mixtes ou encore nociplastiques (liées à des altérations du système nociceptif - détection de la douleur, sans qu’aucune lésion ne soit retrouvée).



Quels traitements pour quelles douleurs ?


Le traitement de la douleur chez le sujet adulte repose essentiellement sur des médicaments dits antalgiques divisés en 3 classes :

  • palier 1, pour des douleurs légères : le paracétamol ou l’aspirine ;

  • palier 2, pour des douleurs modérées à sévères (ou insuffisamment soulagées par le palier 1) : codéine, tramadol (antalgiques opioïdes) ;

  • palier 3, douleurs intenses et rebelles : dérivés morphiniques (antalgiques opioïdes).


Selon l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM), près de 10 millions de Français bénéficient d’au moins une prescription d’antalgiques opioïdes pour des douleurs aigües ou chroniques chaque année. Ces antalgiques contribuent pleinement à la prise en charge efficace de ces douleurs. Ils nécessitent toutefois une vigilance particulière de la part des prescripteurs compte tenu du risque de surdosage et de développement d’un trouble de l’usage, tout en évitant d’en restreindre l’accès aux patients nécessitant le traitement de leur douleur.


En 2022, la Haute Autorité de Santé publiait des recommandations(3) « Bon usage des médicaments opioïdes : antalgie, prévention et prise en charge du trouble de l’usage et des surdoses ». Celles-ci proposaient des fiches synthétiques de conduite à tenir pour les praticiens en fonction des différentes configurations :

  • Douleur aigüe et traitement antalgique opioïde ;

  • Douleur aiguë par traitement antalgique opioïde chez les patients traités par médicament de substitution aux opioïdes (MSO) ;

  • Douleur chronique non cancéreuse par traitement antalgique opioïde ;

  • Douleur chronique liée au cancer par traitement antalgique opioïde.

 


En France, le cas du tramadol : un opioïde pas si faible


Longtemps qualifié d’opioïde « faible » et à moindre risque que les autres antalgiques opioïdes, le tramadol (connu notamment sous les noms de Contramal®, Topalgic®, Ixprim®, etc) est indiqué dans les douleurs modérées à sévères. Il est l’objet d’une surveillance accru par les centres d’addictovigilance depuis plusieurs années (5).


C’est un agoniste des récepteurs opioïdes mu, augmentant également la neurotransmission de sérotonine et de noradrénaline. Perçu comme « anodin » par les usagers bénéficiant de sa prescription, il présente pourtant des risques et conséquences potentiellement mortels : mésusage, développement d’un trouble de l’usage, convulsions, surdosage, et décès de par sa toxicité opioïde (dépression et arrêt respiratoire).


Il s’agissait du 1er antalgique opioïde cité dans une enquête d’addictovigilance de 2018, tant pour son usage problématique chez les usagers de drogues que pour sa prescription pour le traitement de la douleur en population générale. Le tramadol était également le 1er antalgique impliqué (devant la morphine) dans les décès liés à la prise d’antalgiques en 2018 en France.


Suite à ces constats, une première révision des modalités de prescription avait été réalisée en 2020 : la durée maximale étant alors réduite de 12 à 3 mois. En avril 2024, cette mesure était complétée par la diminution du nombre de comprimés (limité à 10 ou 15)(6) dans les boîtes commercialisées, plus adaptées aux traitements de courte durée tels que recommandés (6). Cette mesure vise la réduction du risque d’utilisation prolongée et de mésusage mais également le risque de stockage de tramadol dans les armoires familiales. En effet, l’image d’un médicament sans risque par la population générale mais aussi par les professionnels, en favorisent la disponibilité pour les jeunes par le biais de l’armoire à pharmacie familiale.


En 2018, l’usage de tramadol à visée récréative chez les mineurs représentait ainsi des cas graves d’addictovigilance dans 1/3 des cas en 2018 (perte de conscience, hospitalisation).

L’ANSM accompagnait ses dernières mesures par un rappel des recommandations destinées d’une part aux professionnels de santé prescripteurs et aux patients d’autres part. Il apparaît en effet indispensable d’informer le plus largement possible professionnels et grand public sur les risques méconnus de cet antalgique opioïde, indispensable dans l’arsenal de lutte contre la douleur(7).



 

BIBLIOGRAPHIE


Photo ©Adobe Stock


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