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PUFFS, NICOPODS, POUCHES ET SNUS : QUELS SONT CES NOUVEAUX VISAGES DU TABAC ET DE LA NICOTINE ?



Alors même qu’au 1er mai 2023 une nouvelle hausse des prix du tabac entre en vigueur, l’industrie du tabac et de la nicotine développe de nouveaux produits qui semblent destinés à « redorer » son image. Celle-ci promeut un usage moins nocif que celui du tabac fumé en mettant en avant une absence de combustion. Mais parallèlement à cela, ces nouvelles propositions de produits du tabac, diversifient et rendent plus accessible la consommation de nicotine, multipliant ainsi les portes d’entrée vers une dépendance à la nicotine. Ces nouvelles formes ciblent particulièrement les jeunes, qui se détournent depuis plusieurs années de la consommation de tabac.


De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer leurs dangers, leur impact écologique, et réclament plus de rigueur et de contrôle, voire l’interdiction de mise sur le marché de tels produits, afin d’adopter des mesures de protection efficaces notamment pour les jeunes générations.

LA PUFF

« Puff » signifie « bouffée » en anglais, elle a été créée en 2019 par deux Californiens, Patrick Beltran et Nick Minas, co-PDG de Puff Bar, et a connu un réel succès aux Etats-Unis avant d'arriver sur le marché français en 2020.


Sa mise à disposition récente ne donne que peu de recul sur cette « vape électronique jetable » totalement automatisée, qui fait partie des nouveaux SEDEN (Système Électronique de Délivrance de la Nicotine).


Au regard des risques liés au tabagisme « classique », elle constitue un piège particulièrement « bien pensé » pour la jeune génération, même si elle est en théorie interdite de vente aux moins de 18 ans :

  • attractive et colorée : saveurs sucrées, fruitées…,

  • accessible : vente en grandes distributions, marchés, magasins de décos…,

  • discrète : pas d’odeur de tabac),

  • hautement dissimulable : se confond aisément avec des feutres ou autres dans une trousse de collégien.

Même sans nicotine, elle « incruste » dans le cerveau des rituels comme pour le fumeur: le geste, acheter son produit, avec son propre argent de poche, « tirer sur sa puff » pour faire un nuage de vapeur, puis un jour passer à des puff avec nicotine pour d’autres risques de dépendances.


Elles ont le plus souvent une teneur en nicotine de 2 %. Pour rappel, la législation européenne interdit toutes les cigarettes électroniques ayant une teneur en nicotine supérieure à 20mg/ml, soit 1,8 % de nicotine. Un e-liquide à 2 % dépasse donc le taux maximum autorisé.


De plus, cette vape jetable, composée de plastique et d’une batterie au lithium, représente un véritable désastre écologique.


LE SNUS

Le snus est une forme de tabac, conditionné en sachet (comme de petits sachets de thé), contenant de la poudre de tabac.

Son mode de consommation consiste à glisser le sachet de tabac sous la lèvre supérieure, contre la gencive. De ce fait, la nicotine est en contact direct avec les muqueuses buccales et agit rapidement sur le cerveau. Le sachet sera gardé ainsi de quelques minutes à quelques heures.



Nicopod ou Pouche ou sachet de nicotine

Il s’agit d’un vrai cocktail aux nombreux ingrédients dans un petit sachet.

En effet, le snus est composé de tabac, d’agents hydratants, de chlorure de sodium, de carbonate de sodium, ainsi que des hydrocarbures aromatiques polycycliques, de radionucléides, de formaldéhydes et ses dérivés volatiles…


Le snus, conçu et commercialisé en Suède et au Luxembourg, est interdit dans le reste de l’Union Européenne, dont la France depuis 1992. Il est cependant marginalement disponible via la vente en ligne. Il est néanmoins accessible à la vente dans plusieurs autres continents (Asie, Afrique, Amérique)


Quels en sont les risques ?

  • Un dosage en nicotine très important : des sachets allant de 3 à 20 mg de nicotine, sachant qu’une cigarette industrielle classique en contient environ 1 mg,

  • Des substances toxiques, voire carcinogènes dans sa composition,

  • Un mode de consommation pouvant entraîner à court terme des pathologies inflammatoires de la muqueuses buccale et des gencives, entraînant de fait, des lésions et des problèmes de déchaussements,

  • D’après une étude de l’American Cancer Society, publiée en 2020 : Health Risks of Smokeless Tobacco, on retrouvera sur le long terme : des cancers (pancréas, œsophage, estomac, rectum), des risques d’hypertension artérielle ou encore d’infarctus du myocarde,

  • Enfin, Il existe un risque d’addiction plus rapide à la nicotine, en lien avec le mode de consommation, les taux de nicotine très importants des sachets, et leurs usages par les non-fumeurs, notamment chez de jeunes adolescents avec un cerveau encore très plastique, qui demeurent la cible principale du marketing de ces produits à travers les arômes proposés (fruits, bonbons, desserts etc.).

Alors que l’on apprenait récemment que le principal fabricant de snus venait d’être racheté par Philip Morris International, les regards et inquiétudes des médias et professionnels de santé en Europe et notamment en France se tournent vers l’arrivée d’un petit nouveau dans les produits nicotinés : « le pouche » , ou « nicopod », ou encore dénommé « sachet de nicotine ».


Plébiscité par les sportifs et influenceurs tout comme le snus, avec un packaging, des saveurs très attractives, et une grande accessibilité (autorisé à la vente en grande distribution, débits de tabac, vente en ligne…), tous les ingrédients sont réunis pour séduire les plus jeunes.


Les nicopods, pouches ou sachets de nicotine, ne contiennent pas de tabac (à la différence du snus), mais une poudre blanchâtre à base de nicotine, et avec un très large éventail d’arômes.


Leur mode de consommation est identique à celui du snus. Les pouches sont vendues en France sans déclaration préalable et échappent à cette obligation car ils ne sont pas encore catégorisés produits/dérivés du tabac. Il est donc possible que ce genre de produits, contenant de la nicotine, jusqu’à 20 mg par sachet (contre 1 mg en moyenne pour une cigarette industrielle classique tout comme le snus) se retrouve en libre accès, dans des supermarchés ou des débits de tabac, même si leur achat est en théorie interdit aux moins de 18 ans. Il existe donc un flou juridique, autour de ces produits qui profitent aux fabricants. Or, depuis la directive européenne de 2014, les informations de fabrication, composition, toxicité, ou encore volume de vente doivent être déclarés auprès de l’ANSES (Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire) pour tous les produits du tabac ou du vapotage.


Il existe au sein de cette instance de l’état, un groupe de travail « produits du tabac et du vapotage » qui est rattaché au CES (Comité d’Expert Spécialisés) « Evaluation des risques chimiques liés aux articles et produits de consommation » dont le rôle est d’évaluer les risques liés aux substances (composition, émissions) des produits du tabac et connexes dans le cadre de la directive européenne 2014/40/UE.


Les études menées par ce groupe ont notamment pu mettre en évidence des non-conformités telles que des émissions supérieures au seuil réglementaire pour certaines cigarettes ou une concentration trop élevée en nicotine dans certains E-liquides de vapotage.


Par ailleurs, il faut noter que les données de ce groupe sont rendues publiques afin d’informer au mieux les consommateurs.


L’entrée dans la consommation de tabac est une priorité pour le marketing de l’industrie du tabac, c’est donc pour nous, un enjeu majeur pour la prévention. L’objectif de l’industrie est de vendre pour perdurer dans le temps. Son avenir passe par la diversification des produits du tabac (SEDEN, snus, Nicopod…) pour un « monde sans fumée » mais pas sans risque !

Sources :


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